Face aux avancées technologiques et à l’évolution de la société dans le monde, les professionnels de l’industrie des études de marché se sont retrouvés du 27 au 30 septembre 2015 à Dublin au congrès annuel d’Esomar. Plus de 1.000 participants issus de 74 pays ont réfléchi sur les enjeux de transformation et d’adaptation pour relever les défis et présenter aux clients les réponses les plus justes et claires. En marge de ce grand forum, près de 10 pays africains présents ont décidé d’unir leurs forces en mettant en place une association des cabinets d’études. Serge Mumbu, Général Manager de Target sarl nous livre ses impressions sur le congrès.

Vous venez de participer au 68^e congrès d’Esomar, quel a été le thème de  cette année ?

Le thème central du congrès était « Revelations ». Les professionnels en matière d’études de marchés sont venus discuter et réfléchir sur les innovations, les chalenges dans notre industrie des études. Donc, cet échange d’informations devrait permettre à notre métier de mieux s’adapter aux évolutions technologiques mais aussi aux besoins des clients qui ont aussi à recourir à d’autres disciplines (big data, neuromarketing, consulting,…) pour la prise des décisions.

Quels ont été les grands renseignements que vous avez tirés de l’édition 2015

Cela a été un grand moment de prise de conscience des défis auxquelles l’industrie des études de marché devra faire face au cours des prochaines années. Face aux clients qui chercheraient à recourir à d’autres outils pour la prise de décision, les professionnels des études de marché doivent d’une part être en mesure de démontrer que l’étude de marché reste l’outil le plus efficace pour une meilleure prise de décision : on ne se contente pas seulement de produire des chiffres ou des tendances, mais on analyse en profondeur les contours d’une situation et on en fournit les explications appropriées. D’autre part, nous devons voir comment intégrer et/ou travailler avec les autres disciplines pour mieux satisfaire les exigences des clients.  

Vous avez participé  aux conférences, ateliers et autres activités, lesquels vous ont particulièrement enrichi ?

Pour moi, c’est d’abord la réunion de tous les représentants d’Esomar dans le monde qui m’avait marqué. C’était le 27 septembre 2015. Il y avait près 70 participants et chacun est venu partager son expérience autour de l’industrie des études de marché. J’ai participé à l’atelier sur les nouvelles frontières en matière d’études de marchés et nous avons tous pris conscience qu’il fallait prendre un certain nombre de mesures pour accroitre davantage l’impact d’Esomar dans le monde : utiliser aussi d’autres langues que l’anglais, attirer davantage les jeunes, mieux faire connaître Esomar, surtout dans les pays africains, se rapprocher d’autres disciplines (big data, neuromarketing,…). C’était vraiment un débat très riche.

Pouvez- vous nous dire quelques autres temps forts du Congrès 2015 ?

En ce qui me concerne, j’ai beaucoup apprécié la session consacrée aux storyTellers, c’est une intervention où une personne est entrain de raconter son expérience en matière d’études de marché. C’était le mardi 29 septembre 2015. Il y a eu plusieurs intervenants dont 3 ont attiré mon attention. Dans le thème « Faire du marketing dans les zones difficiles »,  Nathalie Forcier d’Afrique consulting a parlé du Sud-Soudan. Là on fait une enquête dans un contexte de guerre.Fatima Khatib d’Haystack International a exposé sur faire les études dans le contexte musulman où il faut faire parler les femmes mais elles restent voilées. Il y a eu aussi Marita Schimpl qui a parlé des études dans un petit pays pauvre comme le Myanmar en Asie. Ce n’est pas seulement en Afrique que les gens font face àdes difficultés pour faire des études de marché, j’ai admiré le courage de ces femmes parce qu’elles font les choses avec beaucoup de professionnalisme et d’abnégation.

Combien des Africains ont été présents à cette édition 2015 ?

Il y a eu une dizaine de participants venus d’Afrique. On était moins que les autres continents. Mais de manière générale, cette année, il y a eu plus de participants que dans les éditions précédentes.

A l’issue de ce congrès, comment est-ce que les Africains voient l’avenir de l’industrie des études ?

Nous nous sommes  réunis entre nous africains pour voir ce qu’on peut faire pour promouvoir les études de marché dans notre continent. Nous avons compris que si l’Europe et l’Amérique sont forts, c’est parce qu’ils sont unis. Nous avons tout intérêt, nous africains, à réunir nos forces, nos stratégies, à faire prévaloir beaucoup de  réseautages entre nous. Par exemple, moi qui suis en RDC, je dois être capable de travailler avec celui qui est au Ghana. Nous devons échanger nos expériences, mais  Aussi, créer une association africaine de cabinets d’études de marchés. Il existe actuellement quatre associations nationales sur le continent (au Nigéria, au Kenya, en  Afrique du sud et très récemment au Maroc). L’idée serait de capitaliser l’expérience de ces associations pour mettre en place une association panafricaine. Nous nous sommes donné rendez-vous en Janvier à Casablanca au Maroc pour finaliser nos échanges. Ce sera lors du MAMRS 2016 (Maghreb and Africa Market Research Summit)

Quel a été la contribution  de Target durant ce congrès ?

Nous sommes d’abord partis au Congrès pour comprendre quelles sont les évolutions récentes dans le domaine des études de marché et échanger avec d’autres professionnels. Néanmoins, lors de la réunion des représentants, j’ai donné les expériences des études de marchés dans notre pays, comment est- ce qu’ESOMAR n’est pas connu, quelles sont les difficultés que nous avons en RDC. Cela a permis aux gens de prendre conscience de la nécessité de soutenir les cabinets des études de marché en Afrique. Nous avons également aussi joué un rôle actif dans la création de l’association africaine des cabinets d’études qui est censé voir le jour début 2016.

Au vu de ce qui vient d’être dit au Congrès d’Esomar, Comment vous entrevoyez l’avenir de  Target ? (à court, moyen et long terme)

En participant  à ce congrès, j’ai personnellement pris conscience de la nécessité de poursuivre avec la modernisation des outils de travail mais aussi d’intégrer progressivement d’autres disciplines (big data, neuromarketing,…) dans nos offres de services. Des investissements en termes de formation du personnel, de logiciels et de matériels doivent être faits de sorte à se mettre au diapason, à offrir les mêmes services que n’importe quel cabinet dans le monde. Nous comptons beaucoup sur l’appui des banques et autres partenaires pour mettre en œuvre tous ces investissements. Il y aura sans doute des changements dans la manière de travailler et de réaliser les études pour nos clients, mais nous allons tout faire pour continuer à offrir un service de qualité en se positionnant comme l’un des meilleurs cabinets d’études de marché en Afrique.